« David contre Goliath » : voilà une trame narrative très en vogue par les temps qui courent dans le petit (mais bouillonnant) univers du football canadien ... Et pour cause ! Le Championnat Canadien vit cette année une véritable révolution depuis l’arrivée de la CPL, qui a non seulement permis d’en bonifier le format, passant de 6 à 13 équipes, mais aussi d’en bousculer un tant soit peu la domination outrancière du trio de suspects d’usage, Vancouver, Toronto et Montréal, qui se partagent exclusivement la garde de la Coupe des Voyageurs depuis son avènement, en 2002. En troisième ronde, York9 FC est passé bien près de se payer l’Impact de Montréal, s’inclinant par un cumulatif de 3 à 2 [2 à 2 à L’aller]. La troupe de l’Ontario peut d’ailleurs entretenir quelques regrets, ayant eu plus d’une occasion d’achever un rival généreux et en manque de confiance. Dans l’autre duel opposant des écuries de la CPL et de la MLS, le Cavalry FC, champion du tournoi printanier, a su capitaliser sur le présent plus que terne des Whitecaps de Vancouver pour devenir la toute première équipe du circuit Clanachan à battre un représentant du circuit Garber. Calgary a bien géré le match aller à domicile, soutirant un verdict-nul sans buts pour ensuite dominer les Caps, au BC Place, par la marque de 2 à 1. Sur la route du Cavalry, se dresse maintenant un autre « géant » MLS, mais un géant aux pieds d’argile, incapable de trouver la moindre constance dans son niveau de jeu et alignant, semaine après semaine, des performances aussi inégales les unes que les autres. Un yo-yo qui devient intenable psychologiquement pour un groupe qui semble prisonnier d’un cercle vicieux. Inspirés par la victoire face à York9 et (surtout) par le retour de blessure d’Ignacio Piatti, les hommes de Rémi Garde écrasaient trois jours plus tard les meneurs de la division Est de la MLS, l’Union de Philadelphie 4 à 0. Le samedi suivant, ils s’effondraient 6 à 3 devant les Rapids du Colorado, bons derniers du classement général. « C’est frustrant parce-que ça veut dire que lorsqu’on commence un match on ne sait pas ce que l’on va faire, expliquait l’entraîneur français, lundi. Je crois que c’est dû à des facteurs que l’on devrait pouvoir contrôler et que l’on doit mieux contrôler. » La tâche sera assurément plus compliquée pour le Cavalry que devant des Caps en mode reconstruction, mais Tommy Wheeldon Jr. ne s’en formalise pas outre mesure ; « Nous les étudierons comme nous avons étudié tous nos adversaires de la CPL, et comme nous l’avons fait avec les Whitecaps. Nous regardons les forces de tous et chacun et nous essayons de les neutraliser pour exposer leur moindre faiblesse. » Du côté de l’Impact, il est impératif d’avoir tiré des leçons importantes du duel contre York9 et de s’en inspirer dans la préparation à l’affrontement contre la Cavalerie de l’Alberta. Surtout en termes d’énergie et d’engagement, car pour la troupe québécoise, ce duel risque aussi de s’avérer plus ardu que le précédent, devant un rival plus équilibré des deux côtés du terrain et, qui plus est, avec le match décisif disputé en territoire ennemi. « Nous avions étudié le match York9 - Cavalry en préparation pour [la troisième ronde] et nous avons déjà un aperçu de cette ligue, qui je pense est d’un bon niveau, a poursuivi Garde. Le Cavalry est une équipe très bien organisée, qui n’a pas éliminé Vancouver par hasard ; beaucoup d’énergie, beaucoup d’organisation. Ce sera un adversaire très sérieux pour nous. » Par ailleurs, la profondeur de l’effectif montréalais pourrait être drôlement testée, alors qu’on attaque une portion du calendrier fort chargée, avec pas moins de quatre matchs en onze jours, incluant de longs déplacements au Colorado, à Chicago et à Calgary. Pour poursuivre sa route, le Cavalry devra quant à lui aborder cette série sans le moindre complexe, mais avec modestie, comme il l’a fait face à Vancouver. Notamment en dictant le ton d’entrée de jeu en terrain ennemi, lors du match retour, muselant au passage la foule du BC Place, en route vers l’exploit. La pression, elle, est du côté du Bleu-blanc-noir et Wheeldon Jr. le sait ; « Nous devons profiter de l’occasion, respecter nos rivaux sans les craindre. Nous n’avons absolument rien à perdre. Personne ne s’attend à voir un club professionnel gagner [le Championnat Canadien] à sa première année d’existence. » C’est vrai… Sur papier l’Impact de Montréal part favori, mais, quoiqu’en dise l’entraîneur albertain, un autre exploit signé Cavalry ne causerait pas une aussi grande surprise aujourd’hui. David contre Goliath ? Certes. Ne reste plus qu’à voir si le cœur du géant sera à la bonne place, face au jeune berger de la CPL.

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